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Histoire de Castelnau d'Aude

L'histoire de Castelnau d'Aude

 

Origine du nom

Origine d’époque féodale. Castro novo dérivé du latin « castellum » (Paul Fabre), dérivé du latin « castellum » petite forteresse, apparenté lui-même à « castrum » qui, à l’époque gallo-romaine puis dans les textes carolingiens, désignait une ville fortifiées. Le mot »castel », château, est bien connu en occitan. (B et J-J. Fénié)

Situation géographique

Sur la limite de l’arrondissement de Narbonne, au bord du fleuve Aude, qui le sépare de l’arrondissement de Carcassonne, le coquet village de Castelnau est dans une situation pittoresque qui rend le séjour agréable. De ce belvédère agrémenté de pins, on découvre un panorama magnifique sur la plaine. A ses pieds, l’Aude dessine une vaste courbe et constitue une frontière naturelle.

Les origines (d’après Mme Desplats)

            Des traces d’une villa gallo-romaine subsistent encore au lieu-dit « Le Débenas », près de la « baraque de At ». Par ailleurs, il existe aussi des vestiges de cette époque au lieu-dit « Las Téoulièros », territoire bordant un ancien étang aujourd’hui asséché.

            Cette civilisation pacifique disparaissant et les temps barbares lui succédant, les populations jugèrent plus prudent de s’établir sur des promontoires. Ainsi le premier village de Castelnau vit le jour sur une colline caillouteuse dénommée « Le Cayre » ce qui signifie  le rocher. Si les maisons de torchis et de bois ont aujourd’hui disparu, la chapelle dresse encore ses murs au milieu de notre cimetière : l’archevêque de Narbonne ordonna sa construction vers le Xe siècle, par l’intermédiaire de l’abbé supérieur de Lagrasse, comme dans de nombreux villages de la région.

Le moyen Age

            La seigneurie de Castelnau appartenait à l’archevêque de Narbonne et dépendait de baylie* de Canet. A ce titre, le village ne subit pas le sort de Béziers et les Croisés obtinrent les châteaux que leur livrèrent les seigneurs, selon les accords de Capestang (1209). Le modeste bourg se trouvait à l’emplacement actuel du cimetière, autour de son église dédiée à saint Vincent, ainsi que le montrent encore les vestiges de construction datant des XIIe et XIIIe siècles.

            Comme pour les autres lieux de la rive droite de l’Aude, l’archevêque avait inféodé tout ou partie de ses droits à des seigneurs particuliers. N’ayant pas voulu collaborer clairement contre l’hérésie albigeoise, ces vassaux furent déclarés « faydits » leurs biens confisqués au profit de Guy de Montfort, frère de Simon. Ces seigneuries, dites albigeoise occupées, sont alors placées sous la souveraineté du roi de France. A la mort de Simon, les anciens seigneurs relèvent la tête et demandent à rentrer en possession de leurs châteaux.Ils durent bientôt se soumettre à nouveau. Par jugement d’avril 1262, le sénéchal de Carcassonne, Guillaume des Ormes, confisque la seigneurie de Castelnau et l’attribue à Philippe de Montfort. L’ensemble de ces seigneuries forma la châtellerie de Lézignan.

Au milieu du XIVe siècle, on peut situer la construction du bourg fortifié autour de l’église, ainsi que le mentionnent les documents « castrum novum » en 1360, « castelnou » », le château neuf. Ainsi a pu se former une petite agglomération adossée à sa forteresse, de façon spontanée ou organisée. Ces nouveaux villages sont nommés « Castelnaus » par les historiens. Ce mouvement, comme celui des sauvetés, se développe aux XIe et XIIe, mais au XIIIe siècle on ne fait plus guère la différence entre « Castelnau » et « bastida ». On se gardera bien de les confondre avec l’appellation « Castelnau naut », qui correspond à un château perché (haut).

A l’abri des murailles, une modeste garnison protégeait la région minervoise contre d’éventuelles invasions par surprise, venant de l’est comme de l’ouest, par les plaines de l’Aude. Au cours des siècles suivants, les habitants choisirent de se mettre à l’abri des remparts et d’abandonner « le Cayre ».Le four à chaux, signalé parmi les terroirs du carron (1537) servit à construire des maisons plus solides dans le fort. Tandis que ce lieu élevé pouvait profiter de la récupération des eaux dans une citerne, « la foun », la source dite romaine, alimentait la population en eau, à mi-chemin entre les deux agglomérations.

Le 7 novembre 1355, date déterminante pour notre village, le Prince Noir, Edouard d’Angleterre, le vainqueur de Crécy, arrive. Accompagné de 1500 lanciers, 11000 archers et 3000 soldats de troupes légères, l’ensemble composé d’Anglais et de Gascons, traverse la terre d’Aude, dans une chevauchée dévastatrice. Après avoir brûlé la ville basse de Carcassonne, longeant la rive gauche de l’Aude, l’armée arrive à Puicheric, passe l’Aude au gué de Castelnau et aborde Sérame pour en piller les maisons et camper aux abords. Si l’on étudie attentivement les chroniques de l’époque, rien ne permet de dire que le village de Castelnau a été ravagé : au retour, les troupes passèrent plus au nord, par Homp, Olonzac et La redorte.

Depuis le passage des Anglais, le gué s’appelle le « gua dé léou » qui signifie le « gué du lion ». Edouard III d’Angleterre descendant de Richard, était lui aussi surnommé « Cœur de Lion ». Les troupes allèrent piller le monastère d’Azille, au retour de leur incursion en Narbonnais.

 

Du XVIe au XVIIIe siècle

IL ne reste plus rien du château, car il ne s’agissait guère d’une solide demeure fortifiée, comme en présentent les bourgs voisins : les seigneurs, étrangers au lieu, représentés par un baile, ne devait y faire que de courts séjours, En 1521, Jeanne de Châteauneuf signe comme seigneuresse de Ferrals, prés de Saint-Papoul ; peu après, un document mentionne noble Géraud de Castelnau, seigneur de Gouyres, paroisse de Moussens.

Dans le village composé d’environ 150 habitants, sur le plan économique, on est loin de l’exclusivité viticole d’aujourd’hui : les compoix recensent de nombreux champs, des olivettes, des muriers, des prés, des jardins. La production agricole s’appuie sur l’huile et surtout sur les céréales (blé, seigle, avoine, orge).

Au siècle suivant, les ouvriers commandés pour travailler à la construction du Canal du Midi se répartirent dans les villages pour creuser les « aiguilles », ces ruisseaux d’assainissement des points marécageux. Ainsi, à Castelnau, ils intervinrent sur trois terrains proches du village : les lécunes, l’étang et les hortes qui étaient, à cette époque, des marécages insalubres où pullulaient crapauds, salamandres, serpents, rats et autres moustiques, souvent à l’origine d’épidémies désastreuses pour la population. Ces contrées assainies devinrent rapidement de riches terres à blé qui, avec les champs d’oliviers, rendirent le village plus prospère.

A l’aide de secours financiers apportés par le roi aux communautés d’Escales et de Castelnau, le marquis de Castries, héritier de Bellisle en 1761, fit assécher, défricher et mettre en culture un ancien étang. A l’approche de la révolution, un procès l’opposera aux habitants de Castelnau qui lui contestaient la nobilité et la propriété de ces terres.

 Du XIXe siècle à nos jours (d’après Mme Desplats)

            Les drapiers de Narbonne et de Carcassone demandant de plus en plus de matière première, l’élevage du moutons, comme partout ailleurs, supplanta bientôt toute culture. On vit s’élever jusqu’aux points les plus hauts de nos garrigues, les murets et les capitelles qui définissaient les pacages et abritaient nos bergers. Dans cette même période, les habitations du village continuaient à se serrer les unes contre les autres au pied du château, contre le mur même de celui-ci pour s’abriter du vent froid venant du nord et s’exposer au midi, d’où la structure du village. On utilisa même, sans vergogne, les pierres du château pour construire ces bâtisses, après la Révolution.

            A la fin su siècle, la disparition des drapiers du Midi, supplantés par ceux du nord, entraîna la quasi suppression des nombreux troupeaux de moutons. Les crapauds se remirent à chanter dans les landes les plus basses, le thym à refleurir tranquillement dans nos garrigues, jusqu’au jour où arriva l’opulence avec l’avènement de la vigne.

            Sur toutes les terres anciennement vouées aux moutons, on planta ces vignes qui alimentaient l’engouement des hommes du début du siècle pour le vin. La consommation nationale augmentait sans cesse. L’on vit à Castelnau, comme ailleurs dans notre région, de riches vignerons faire construire, à proximité de leur cave, autour du vieux village, de magnifiques bâtisses qui n’avaient rien de commun avec les demeures anciennes.

            Et depuis cet heureux début de siècle, bon an, mal an, la viticulture domine toujours à Castelnau.

D’après le l’ouvrage Opération Vilatges al Paίs

 

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